Formation, mal-formation et desinformation

Publié le par Charles Du Bout Du Monde

Goomeri-Emporium.JPG

Me revoila pour vous expliquer ce qu'il s'est passe de neuf, ces deux dernieres semaines, dans le quartier de Goomeri (les plus observateurs auront remarque que la photo est la meme que sur l'article de Wikipedia, le choix est vite fait en ville)

Le mail d'information m'avait demande de me trouver a Goomeri, le lundi 7 Decembre.
Je me suis donc retrouve ce Lundi, avec 13 autres personnes, dans une espece de restaurant appartenant a l'organisation, pour le remplissage collectif des papiers concernant la securite, la promesse de ne pas les poursuivre en justice si on se casse un truc ou pire, les coordonnees bancaires et le travail souhaite ; je me demande bien pourquoi on a, chacun dans son coin, passe une bonne demi-heure a remplir le dossier d'inscription par internet avant de venir !
Apres cette seance interessante de papiers, ils nous ont explique que l'on allait avoir besoin de chaussures de travail et de vetements adequats et que le magasin se trouvait presqu'en face, que les reseaux de telephonie mobile ne fonctionnaient qu'avec un seul operateur, dont ils vendaient les produits et que si on voulait des couteaux, des lampes ou de la creme solaire, ils en avaient a vendre..... Et a ce moment la je me suis dit que j'etais vraiment tombe dans l'attrape-couillon ou ils te prennent pour un portefeuille, et que j'aurais du faire comme d'habitude et ne pas faire confiance a une organisation.

Repartis dans deux fermes de formation, on est partis en debut d'apres-midi sur les exploitations, et je me suis retrouve chez un type en casquette d'une marque de rhum, lunettes de soleil et short de la meme marque (Bundaberg pour les connaisseurs, soit l'equivalent d'etre habille en Kronembourg, la grande classe).  Etant eleveur de vaches a viande, ils concevaient la semaine de formation comme une semaine de travail ou on pourrait apprendre en meme temps.
On a donc travaille 11h par jours pour creuser des trous, a la barre a mine, pour les poteaux de clotures, pelleter de la terre dans un verger d'un de ses copains ou encore ramasser des cailloux dans un champs pour rempierrer un chemin. Avant et apres des journees si passionnantes, il fallait nourrir les betes (vaches, chevaux, veaux, chevres) et ranger ou charger le materiel et au milieu de tout ca on a reussi a faire 4h de cheval dans la semaine, 2h de moto et 30mn de tracteur (la tronconneuse, les autres en on fait aussi, en 2 mn il a compris que je pouvais lui donner des cours, alors j'y ai echappe, ouf !!).
Un matin, je suis alle avec un autre gars ramasser du foin pour un voisin, paye au black evidemment (pas nous, le paysan...) et la je me suis vraiment rendu compte de l'interet pour l'exploitant, d'avoir des jeunes a "former" : il est paye pour les accueuillir, il fait tourner sa ferme gratuitement et en vend le produit : la meilleure affaire agricole que je connaisse....

"L'esclavage, designe les conditions sociales des esclaves : des travailleurs non libres et generalement non remuneres, qui sont juridiquement la propriete d'une autre personne et donc negociables, au meme titre qu'un objet.
Au sens large, l'esclavage, est le systeme socio-economique reposant sur le maintien et l'exploitation de personnes dans cette condition. En France, il est considere maintenant comme un crime contre l'humanite" (Wikipedia)

Et en plus on a paye pour ca....

En fin de semaine, vendredi soir, il nous annonce qu'on va retourner sur Brisbane et aller sur le lieu de notre emploi, trouve dans la semaine, sauf qu'ils ne m'avaient trouve aucun travail (sauf ramasser des patates pendant 15 jours, ce que j'ai refuse categoriquement) donc j'ai du etre clair,un tant soit peu, je les secoues, et je les ai obliges a nous trouver une solution immediate et n'incluant aucun frais (un allemand etait dans le meme cas que moi mais, etant jeune, il ne savait pas trop quoi faire), car la gerante m'a explique que si on acceptait ce poste, elle ne nous aiderait pas plus, car l'organisation se chargeait de trouver un seul emploi, et non pas sur la duree que l'on souhaitait comme inscrit dans les mails de debut.
Au matin du samedi, ils m'ont donc annonce qu'on allait pouvoir revenir dans la deuxieme ferme (celle de la gerante) pour attendre un boulot, en travaillant pour payer le gite et le couvert ; et bien voila quand on veut, on peut !
 
Comme disait mon vieux maitre d'apprentissage, j'aurais du etre chef de cour (celui qui faisait regner la discipline dans les cours d'usines du debut de siecle, a l'aide de la voix et de la fermete) et il est deconseille de m'embeter : je suis francais, j'aime gueuler (l'interet du decalage de l'argot ici et pour accentuer le cote denue de diplomatie et indiscutable) sur les gens qui ne font pas leur travail et je sais ce que c'est que travailler !!

Des le debut j'ai parle gentiment de salaire au manager de la ferme pour etre clair et la semaine s'est deroulee suivant un programme decousu, mais complet : on a fait du menage, de la mecanique, du nettoyage de piscine, du jardinage (plus jamais il ne demandera a un jeune de tailler les fleurs...), j'ai remplace l'antenne tele, fait de la cuisine et on a recarosse un chemin a l'aide du tracteur (on s'est auto-forme, au travail sur engin, en somme).
Au moment de partir, le samedi suivant, ils ont reconnu que l'on avait travaille ardemment et sans nous plaindre et que par consequent, ils nous payeraient en retour...
Le prochain qui me dit qu'il faut que je devienne plus souple dans mon travail, il va m'entendre !!
(Ceci est un clin d'oeil aigri, peu discret, a Mr Daniau)

(J'ai elude une etape intrinseque : si nous etions sur le depart en ce troisieme samedi de Decembre, c'est bien qu'ils nous avaient trouve un travail correct, mais je vous en parle dans un deuxieme temps)

Nous avons donc passe deux semaines a travailler pour avoir un travail et au final ce qu'on a recolte ce sont des ampoules terribles (la premiere semaine, a cause des barres a mines pendant 6h, et meme des mains de couvreurs ca ne tient pas le choc), un salaire sur une semaine (280$ en plus du gite et du couvert ce qui n'est pas si mal) et un travail dans une grosse compagnie agricole. Evidemment il n'y avait rien a voir et a prendre en photos a part des vaches (si quelqu'un a un probleme zoologique qu'il m'en fasse part je vous ferais un post special) et une ville morte ; je vous ai quant meme pris des photos du "centre-ville" de Goomeri.

Et non je ne vous citerai pas le nom de cette organisation, on n'apprend jamais mieux que par ses erreurs ; chacun a le droit d'apprendre et je ne suis pas une agence de voyage, qui a pour mission de conseiller ou deconseiller quoi que ce soit : chacun sa route, chacun son chemin, chacun ses moyens de trouver du travail...

Publié dans Queensland

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
<br /> Coucou mon fils! <br /> Voilà quand même une expérience intéressante; Au moins tu ne te feras pas avoir la prochaine fois! Dans tout malheur, il y a quelque chose de positif. J'en ai moi même fait l'expérience et gueuler<br /> un bon coup, dès le départ, permet de mettre les choses au point et faire savoir que l'on est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds.<br /> IL vaut mieux mettre les pendules à l'heure tout de suite.<br /> Malgré la distance, je te souhaite UN TRES JOYEUX NOEL au milieu de nul part en espérant que tu auras quelques personnes autour de toi pour faire un peu la fête! Si tu as écrit une lettre au Père<br /> Noël, envoie moi la par télépathie ou autre moyen dont tu disposes. Je t'embrasse très fort mon Grand;<br /> Bien affectueusement <br /> Fabrice <br /> <br /> <br />
Répondre
N
<br /> <br /> Coucou CHARLY MANY !<br /> Nous te souhaitons un JOYEUX NOEL !!! dans ce "monde de brutes" ...<br /> TOUS NOS MEILLEURS VOEUX pour l'année 2010 et que tous tes projets se concrétisent !!!<br /> Merci de nous faire partager ton expérience "aux antipodes" des privilégiés de<br /> Sydney.                      <br /> Amitiés                             Nanou<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
A
<br /> Deux semaines de dur apprentissage de stockman dans le Queensland. Les bushmen ne sont pas des tendres, ni même très accueillants pour les étrangers. De plus ils sont aussi âpres au gain que les<br /> autres. Dans votre groupe de 13 candidats, y avait'il des femmes et avaient'elles droit aux mêmes "faveurs" ?<br /> En attendant bon Noël et meilleurs voeux pour 2010<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> Oh, au niveau accueuil, quand on travail dans le batiment, ils paraissent pas si terribles, c'est les memes paysans que chez nous en definitive.. Et oui oui, il y avait des shielas (mot typiquement<br /> australien signifiant femme) et elles avaient droit a un traitement special, heureusement : pendant que les hommes creusaient a la barre a mine, elles pelletaient les gravats....<br /> Les semaines ou ce n'est pas equilibre, je ne sais pas comment ils font, ils tirent sans doute a la courte paille pour savoir qui ne va pas se servir de ses mains durant les semaines suivantes<br /> !<br /> Mais comme elles ont ete decretees "pas tres rentables" elles ont toutes eu des boulots dans des restaurants, des magasins et des hotels, d'ou l'utilite de leur faire creuser des trous....<br /> <br /> A bientot et joyeux Noel<br /> <br /> <br />