Les Sydney siders

Publié le par Charles Du Bout Du Monde



Je voulais depuis un moment vous faire un article sur les Sydneys siders (sydneysiens si on voulait franciser le terme), mais je ne trouvais pas l'élément déclencheur nécessaire.
Je me trouvais dans le train pour aller au Royal Botanic Garden, je lisais un journal gratuit, et je suis tombé sur un article court, parlant de la façon de dire bonjour des australiens qui se dirigeait plus vers l'embrassage que le serrage de main anglo-saxon. Voila mon déclencheur ! Dans cet article, ils disaient que des sociologues supposaient que c'était la faute à la technologie qui, défaisant le lien social, renforçait la nécessité de contact lors d'une rencontre ; moi j'aurais juste dit que les peuples du nord ils ont l'habitude de se dire bonjour de loin et que la pluie ca détraque les gens, en Italie on se pose pas la question de se serrer les mains et je vous parle pas des peuples arabes.

Je voulais vous parler des gens de Sydney parceque ils ont des façons complétement différentes de régir leurs relations avec eux mêmes, avec la communauté et avec l'environnement, par rapport à chez nous, dans la vieille Europe.
Je vous parle des sydney siders et pas des australiens, parceque je ne connais pas ailleurs, donc je ne peux pas généraliser au continent, je vous reparlerai plus tard de mes conclusions à plus grande échelle.

Je vais d'abord vous parler de la relation du sydney sider à lui même et aux autres membres de la communauté humaine. Après on élargira le propos à la communauté abstraite (l'état, les lois, les règles) et on finira par le sydney sider et son environnement naturel (la communauté mondiale en définitive).

Le sydney sider au sein de la communauté humaine.

La première chose que vous remarquez quand vous vous baladez dans sydney, c'est la gentillesse des gens.
Jamais vous n'êtes bousculé (même dans les escalators du train aux heures de pointes), tout le monde vous dit bonjour dans les magasins, la rue, les files d'attentes, jamais on ne vous regarde de travers parceque vous ne ressemblez pas aux autres à cotés, on vous ramène votre portefeuille qui est tombé sur le fauteuil du train...
Venant de France, dans une atmosphère d'individualité extrème, c'est particulièrement étonnant.
Vous êtes dans une grande ville (4,5 Millions d'habitants) et les gens s'arrêtent pour vous aider quand vous avez une carte de la ville dans la main ; à Paris, quand vous demandez votre chemin, le piéton moyen s'écarte de trois pas, vous regarde d'un oeil suspicieux, craignant pour sa bourse remplie de ticket de métro usagés, et tente de vous indiquer succintement, pour peu qu'il connaisse plus loin qu le bout de sa rue.

Il y a à Sydney, un vrai culte du corps ! il y a des salles de sport partout, des pubs pour la santé et le fitness à tous les coins de rues, les gens vont faire du sport avant de travailler, à 6H du matin, on trouve des trucs pour faire de la muscu tout le long des plages et des parcs ; et pourtant les gens sont parfaitement tolérents concernant le profildes autres.
Une contradiction étonnante, les gens sont stricts avec eux mêmes et tolérents avec les autres (je sais que ce n'est apparemment qu'à Sydney puisque l'Australie est passée devant les Etats Unis pour l'obésité moyenne, m'a dit Ludo)
Jamais vous ne sentez un regard lourd de sous entendu se poser sur vous, vous pouvez être gros, mince, jaune, noir, plus blanc qu'un anglais, ou alors avoir des tatouages partout, des piercings et une barbes gigantesque, jamais les gens ne vous jugent gratuitement.
La tolérence est officielle, puisqu'on vous déconseille de mettre votre photo sur un CV, et que donc on retrouve des sikhs policiers et des chauffeurs de bus tatoués et barbus, et en bas des tours des banques et des assurances, les travailleurs sont comme les autres, avec des piercings, de la barbe, des signes religieux (kippas, croix, barbes, turbans...). Sur un CV, ici, les recruteurs tiennent plus compte de l'expérience et de la motivation que de la tête des gens, des diplômes et des pistons.
Cette tolérence vis à vis de l'apparence, donne un melting pot permanant de style (pas toujours le meilleur, je rappelle qu'on est dans une culture anglo-saxonne quand même et que le conccept, par exemple, de la tongue-chaussette-short, spécialité britannique par excellence, a été importé), de coiffure, d'apparence, de religion et que tout cela fonctionne bien.
Les Bras boys ("gang" local de surfeurs délinquants) se sont élevés lors d'une tentative d'implication de leur plage dans une vengeance raciste : les truants sont quand même tolérents et respectueux des religions et des cultures...

En clair quand vous venez à Sydney, vous ne vous sentez pas étranger plus que les autres, avec votre bagage culturel, votre religion, votre accent et votre apparence, vous vous sentez à la maison et tout le monde vous dit de rester parceque vous en avez le droit (vous avez eu un visa donc vous avez le droit), ce qui me permet de faire ma transition à la relation du sydney sider avec la communaué étatique....

Le sydney sider, l'honneteté, les lois un ensemble cohérent.

A Sydney, les automobilistes sont partout, evidemment, mais jamais vous ne risquez de vous faire renverser.
Vous respectez vous même,les passages cloutés et les feux (oui oui toujours, la France est connue pour ça) et donc vous n'avez aucun problème. Les conducteurs vous laissent passer, puisqu'il y a un panneau, respectent la vitesse puisqu'il y a un panneau (et si le panneau est là c'est qu'il est utile, c'est pas pour faire de l'argent avec les PV !) et toutes la société fonctionne sur un ensemble de règles et de lois que les gens respectent parcequ'ils sont honnètes et parceque tout marche mieux ainsi.
Dans les escalators, par exemple, il est marqué de rester sur la gauche pour que les gens pressés passent à droite : tout le monde est à gauche ! Et donc sur les trottoirs aussi, on marche à gauche comme ça c'est plus fluide.
Lorsque vous videz vos courses de votre voiture, vous pouvez vous garer en warnings et laisser votre coffre ouvert, les gens comprennent bien que vous avez besoin et ni ne volent, vos courses, ni ne vous crient dessus parceque c'est pas bien le parking sauvage, par contre une fois vos courses montées, si vous laissez la voiture, je pense qu'ils appellent la police (si on ne peut pas se garer n'importe comment c'est pas pour rien).
Les portes d'appartement ne se ferment pas à clé ici, on les claquent simplement en partant, personne ne va tenter de vous voler de toute façon (Je pense aux gens et à leur serrure quatre points, sur porte blindée avec la chaine pour ouvrir que très peu, surmontée du judas, avec clé codée ), et les boites aux lettres ne ferment pas : ce sont juste des petites boites avec un clapet et si le courrier est par terre à cause du vent, et bien les gens le ramasse et le remette dans la boite, ça ne viendrait pas à l'idée de quelqu'un de f ouiller pour les lettres de banque ou de la famille vers les fêtes (pour les chèques) comme on nous répète en France sans arrêt.

Je suis allé échanger un pantalon, payé en cash, sans ticket, sans le même vendeur, et le responsable du magasin n'a pas mis en doute ma parole, il a cherché dans son ordinateur et a retrouvé la date, l'achat et m'a changé le pantalon.

Quand on prend un job, après un entretien d'embauche, on ne signe pas de contrat, pourquoi faire ? le type vous a dit qu'il vous prenait, pourquoi aurait il changé d'avis? Ludovic quand il a pris son premier boulot, a demandé un contrat pour être sûr de pouvoir arrêter de chercher, on l'a regardé bizarrement et on lui en a fourni un par internet (un truc éminemment falsifiable et pas valable du tout) pour le rassurer.

De toute façon comme tout le monde est honnète, tout fonctionne très bien, trop bien peut être et les français sont appréciés en entreprise, car si le chef donne une règle, le français ne l'applique pas sans y réfléchir et si il n'est pas d'accord, il en discute, la transforme et l'adapte alors que l'australien dit oui monsieur et applique (si c'est le chef c'est qu'il est plus qualifié que nous, on ne vas pas remettre sa parole en doûte ! ) ; la remise en cause toute règles, à la française est donc une qualité, je ne m'arrêterai donc pas de sitôt....

Le sydney sider dans son environnement naturel.

En Australie, la notion de respect de l'environnement est très relative.
Depuis l'arrivée des colons, on protège les plantes, les animaux, donc dans les parcs ou les espaces naturels, les gens n'embêtent pas les bêtes, font attention aux déchets qu'ils mettent toujours dans les poubelles, et n'endommagent pas les végétaux. Les australiens sont très fiers de leur environnement et y font attention.
Cependant, dans les rues d'habitation, on trie ses déchets en trois poubelles, on ne les sort que que le bon jour, mais comme on ne sait jamais quand passe les encombrants (c'est assez difficile de le savoir), on fourre tout sur le trottoir, en tas ! Donc quand on se promène dans les quartiers, on voit des tas de trucs de partout, des meubles, des télés cassées, des cartons et quand les gens déménagent, ils laissent tous les trucs qu'ils ne veulent pas emmener à côté du camions ; une habitude de la récupéraion sur les trottoirs s'est donc mise en place, et il n'est pas rare de voir des gens rentrer chez eux avec des choses ramassées.

Le tout automobile, à l'américaine, est ici omniprésent. On peut tout faire en voiture : manger, voir des films, déposer son linge au pressing, acheter son pain... et quand on voit le prix de l'essence (1,1$ environ 65cents€), on comprend pourquoi. Je ne sais pas si l'industrie pétrolière est subventionnée ou si le pays produit suffisamment, mais ça n'encourage pas les gens à moins rouler ou acheter des voitures moins gourmandes : la plupart des vehicules consommet 10l aux cent ou plus pour cause de vetusté ou de puissance (les petites voitures ne sont pas monnaies courantes). Par contre, nonobstant le prix de l'essence, on trouve du E10, l'essence coupée au méthanol, de façon régulière (et c'est encore moins cher que l'essence), alors qu'en France, où on se revendique proche de l'environnement, l'état freine au maximum la diffusion !

Une dimension assez étonnante, est la production d'électricité. L'Australie produit majoritairement son électricité à l'aide du charbon (hautement polluant) et ne veut pas entendre parler du nucléaire ; la France est très mal vue sur ce point là, ici on considère que polluer à courte échéance, est préférable à produire des déchets nucléaires, dont on ne sait que faire.

Dans l'ensemble le constat est donc assez mitigé : Au jour le jour, on fait attention à ses déchets, on essaye de moins utiliser les sacs plastiques, on ramasse ses mégots et ses crottes de chien , mais on entrepose ses encombrants de partout devant les maisons. Les automobilistes sont de partout, mais peuvent rouler propulsé à l'E10 ; et lorqu'on regarde sa télé, qui fonctionne à l'électricité du charbon, sans faire de déchets nucléaires, on peut regarder des émissions parlant de l'environnement, en mageant des fruits et légumes venant du monde entier.



Donc après cette courte étude de la société australienne, on se rend compte que par rapport à notre vieille Europe, les bénéfices et désavantages sont pondérés. Des bénéfices, de confort dans la vie quotidienne, tels que la tolérence sont indéniables alors que des points négatifs, comme la conformité aux règles et le manichéisme des citoyens.
Comme tout système sociétal, il a ses bons et ses mauvais côtés, et comme tout exotisme, il parait meilleur que le système de référence ; l'herbe est toujours plus verte dans le pré des chèvres d'à côté...


P.S: le wombat en tête d'article n'a absolument rien à voir, mais il me plaisait bien donc le voila propulsé en porte parole de la société australienne. En même temps en y réfléchissant bien, un animal australien est représenté sur chaque pièce de monnaie :
- 5c l'échidné (les zoologues qui auraient des problèmes je vous invite à vous référer à google image c'est pas mal)
- 10c l'oiseau-lyre
- 20c l'ornythorinque (ici on dit platypus, qui est aussi une marque de magasins de chaussure ??)
- 50c l'émeu et le kangourou (Le blason de l'australie)
- 1$ le kangourou
- 2$ l'aborigène
Et on se rend donc compte que le wombat n'est pas représenté, je lui rend donc son honneur en le plaçant en tête de mon article ; un zoologue me dirait que le dingo, le dromadaire ou le diable de tasmanie ne sont pas là non plus mais les zoologues m'ennuient, et au passage vous noterez que l'aborigène lui a sa place....

Publié dans New South Whales

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B
<br /> <br /> Très bel article. Très long mais bien… mais long…<br /> …mais bien.<br /> <br /> "Donc quand on se promène dans les quartiers, on voit des tas de trucs partout..."Ca doit être le paradis pour un gitan comme toi, ça m'étonnerait pas que t'aies déjà ramassé des trucs<br /> totalement inut... hum, intéressants.<br /> <br /> "le français ne l'applique pas sans y réfléchir et si il n'est pas d'accord, il en discute"Souvent, même quand il est d’accord, ahah.<br /> PS : bien placé le 'nonobstant', c'était un défi ou quoi ? (non je sais, c'était juste que ça te faisait tripper).<br /> Allez défi, tu dois placer le mot 'fourvoiement' dans un prochain article... estime-toi heureux ça aurait pu être pédoncule ou cariatide.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> oui oui meme quand le francais est d'accord il en discute et souvent plus quand il est d'accord que quand il est pas d'accord, juste pour faire valoir sa position d'opposant au patronat ; c'est<br /> bien ce qui etait sous entendu.....<br /> Et non je n'ai pas ramasse tout un tas de trucs debiles, je n'ai pas de place.... j'ai juste ramasse les trucs qui logent dans ma poche et l'argent qui traine : c'est pas de ma faute si lles gens<br /> laissent trainer des trucs interessants, si il y avait plus de gens comme moi, il y aurait moins de choses dans les rues.<br /> <br /> <br />
C
<br /> ben ouais mais moi je voulais un truc cur le wonbat :-(<br /> Bon en attendant il peut être heureux, tu lui a sauvé son honneur^^<br /> <br /> <br />
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